Cette deuxième semaine de mai a débuté dans la joie. Séance de shooting avec mon ami Richard Tardif dans mon atelier à Montréal où mode et art s’étaient donné rendez-vous. Deux créations récentes, « Envol »(acrylique , 60’’ x 54’’) et « Copines au printemps » (acrylique, 60’’x 45’’) se retrouvent en arrière-plan de la jeune modèle Alexandra Maria Misu. Celle-ci porte des créations du couturier Frank Sukhoo et de la modiste Madeleine Cormier. Merci également à Emmanuelle Parent ,artiste-maquilleuse, qui a reproduit les couleurs de mes tableaux , ainsi qu’à Johane Tremblay, qui a agi comme coordonnatrice du projet. Ce n’est d’ailleurs que le début de notre collaboration . D’autres projets sont à venir! À suivre…
Et en parlant d’envol, j’ouvre mon atelier au public le 9 juin dans le cadre de la journée Portes ouvertes des artistes du Complexe du Canal Lachine.
Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de Djémila. Comme dans un rêve fou, je peux voir l’antique cité abritant Cuicul. J’ai pris mon envol pour me poser là-bas, oui, je suis maintenant cet oiseau rouge porté par le vent !
Sachez que chaque printemps, je sens et ressens ; disons plutôt que je vis et revis ces noces impossibles avec le dieu Pan et les dieux d’une adolescence — la mienne — qui ne peut et ne veut mourir encore, tout simplement.
Tout a basculé en 1974. Je n’avais pas encore vingt ans. Je rêvais de quitter le nid familial. En province, à Sherbrooke, dans les Cantons de l’Est, l’hiver avait été long, bien long… Mais déjà l’auteur des Noces m’avait amené sur les hauteurs de Djémila.
D’abord, il y avait eu ces fiançailles au printemps. Puis le temps d’un été, après un premier voyage à l’étranger au long cours, voilà que je volais de mes propres ailes !
Avec comme seul compagnon le vent soufflant dans ma longue chevelure, je cherchais cette pierre parmi les pierres… Pack-sac au dos, habillé d’une tunique orange ,ne quittant jamais mon vieux jeans délavé, couleur bleu ciel, je l’ai cherchée et cherchée sous le soleil : « Il est des lieux où meurt l’esprit pour que naisse une vérité qui est sa négation même ».
Dans le jardin des délices, je goûtais à l’Absolu : « Le vent me façonnait à l’image de l’ardente nudité qui m’entourait. Et sa fugitive étreinte me donnait, pierre parmi les pierres, la solitude d’une colonne ou d’un olivier dans le ciel d’été » (Albert Camus, Noces, 1958).
Parlons du plaisir d’être. Vivre, c’est notre seule connexion avec le Divin. Et, pendant qu’on y est, peindre, c’est une grâce. Je parle de l’extase annihilant tous les vains efforts du repentir. Comme un flash violent, maintenant, elle ne vous quittera plus, cette image éphémère de l’esprit ayant choisi de se matérialiser sur la toile dénudée !
L’art est spirituel, voilà ma vérité.
Célébrons ensemble les fiançailles du printemps et de la vie battant son plein . Levons nos verres en l’honneur des heureux fiancés!
© Luc Martineau 2022.