En volant le feu aux dieux et en le donnant aux humains, on croit que Prométhée a fait don de la créativité à l’humanité. Et cette flamme créative rayonne à travers les couleurs dynamiques et la richesse des textures des peintures de Martineau.
Le voyage à travers les mondes de Martineau nous emmène du mystère palpitant dans les teintes vertes et rouges des « Bois Enchantés », des crêtes et des creux de l’océan bleu sauvage indomptable, à la spontanéité passionnée du tango espagnol qui rappelle au spectateur des rivières de lave en fusion coulant dans les veines de danseurs enivrés par la joie de vivre. La représentation abstraite de Pégase dans le tableau « Pégase, j’irai comme un cheval fou » éveille le souvenir des rêves de vol et des états d’insouciance totale, ainsi que la nostalgie de ce qui reste parfois indéfinissable.
Les couleurs de Martineau sont comme des notes de musique qui construisent des associations et déclenchent une pensée symbolique qui provoque un traitement esthétique et sensoriel des impressions les plus agréables. Ce qui, à première vue, peut ressembler à des coulures délibérées ou accidentelles de peinture sur la toile dans le cadre d’un jeu artistique, révèle rapidement des liens et des connexions complexes entre les lignes, les formes, les couleurs et nos sens, nous incitant à rechercher un élément vital de connaissance ou de signification dans les peintures et en nous-mêmes.
La poétique abstraite de l’art de Martineau appelle des plaisirs instinctifs comparables au plaisir que nous ressentons lorsque nous entendons un son agréable sans préjugé de concept ou de signification. Dans ce contexte, les couleurs de Martineau ont leur propre mouvement, leur propre expressivité artistique. Dépourvues de la nécessité de délimiter un objet réel, elles entraînent le spectateur dans une expérience émotionnelle accrue, un prisme biologique pour interpréter la forme perceptive de l’art.
Le credo d’Horace, selon lequel la littérature doit à la fois instruire et réjouir, se reflète également dans l’art. Dans l’introduction de son ouvrage « Concedo nulli », Martineau explique qu’il a peint Érasme, dont la devise « Je ne cède à personne » avait suscité de vives critiques de la part de ses contemporains en raison de son manque apparent d’humilité. Peinte dans des couleurs nocturnes entrecoupées de taches lumineuses, la scène représente une silhouette en position assise, contemplative, voire défiante, face à une présence indéfinie. L’ensemble de la scène est captivant et reflète l’attitude inflexible d’Érasme.
L’opus rétrospectif de Martineau incarne sa citation selon laquelle son air est imaginaire. Comme tant d’artistes, il respire l’imaginaire et la réalité invisible. Il l’inspire et exhale des éclats de mosaïques mystiques et colorées de substance cosmique.
Traduction française du texte rédigé par Jana Begovic, auteur de romans, de poèmes et de nouvelles https://www.facebook.com/J.Damselfly
Merci Jana.